Depuis quelques années, les experts de la transformation numérique nous alertent sur la révolution du web grâce à la Blockchain sans nous apporter de réelle visibilité sur les enjeux. Comment la vie quotidienne en entreprise, et les ERP seront-ils impactés par cette technologie Blockchain, à quelle échéance ?

Qu’est-ce que la blockchain ?

La Blockchain est une technologie qui permet la création d’un grand livre électronique, partagé entre des utilisateurs privés ou publics, qui enregistre les transactions de façon non modifiable et infalsifiable.

Cette technologie naissante a été largement exploitée dans le cadre de la monnaie virtuelle (cryptomonnaie) Bitcoin depuis quelques années et de nombreuses applications sont actuellement expérimentées dans le cadre de bases de données distribuées.

Que nous apporte la blockchain ?

Son principal avantage est le stockage décentralisé de transactions permettant de se passer d’organisme centralisateur, et permettant l’infalsifiabilité des informations.

Elle est donc utile pour l’archivage de contractualisations entre entités.

Dans le cadre des cryptomonnaies ou plus largement des cryptoactifs (titres, actions, obligations …), la blockchain peut être considérée comme un livre de comptes qui permet d’authentifier l’appartenance de l’actif. Chaque utilisateur de la blockchain dispose d’une connexion unique et d’un exemplaire (partiel ou total) du livre de comptes (la blockchain). Toute nouvelle transaction d’actifs est validée par une technique de cryptographie par la communauté avant d’être intégrée à la blockchain.

Il n’y a donc pas d’organisme centralisateur et la preuve de la possession des actifs est assurée par la communauté. Toutes les transactions sont donc visibles et lisibles par la communauté.

D’autres usages de la blockchain

Comme nous l’avons vu précédemment, la blockchain est une technologie intéressante en cas d’absence d’organisme centralisateur.

Les assureurs, les banques s’y intéressent dans le cadre des transactions, afin d’accélérer les transactions internationales, interdevises, en se passant d’intermédiaires.

Tous les pays n’ont pas un niveau équivalent de service public qu’en France, où la centralisation est le maître-mot. Ainsi, aux Etats-Unis, la blockchain est utilisée pour faciliter les transactions et l’échange d’informations entre assureurs santé, professionnels de santé …

Dans d’autres pays, où la propriété foncière n’est pas enregistrée sur une base de données officielle nationale, l’enregistrement sur une blockchain permet d’éviter des conflits de propriété foncière.

Quel impact sur nos PME ?

L’une des applications de cette technologie en entreprise est la traçabilité des produits dans les chaines de production, notamment dans l’industrie agro-alimentaire, l’industrie aéronautique, l’automobile.

Les différents acteurs de la chaine de production partagent ainsi les données de production, pour assurer la provenance de chaque pièce. En cas de rappel de produit, ou pour lutter contre la fraude, chaque étape de production est identifiée dans un registre partagé entre les acteurs de la chaine de production.

La chaîne d’approvisionnement de la filière aéronautique est très complexe. Elle peut regrouper plus d’un millier de sous-traitants qui fabriquent et assemblent des millions de pièces, expose Marc Gelle, responsable pour l’Europe du secteur aéronautique et défense chez Accenture. Les acteurs de la filière aéronautique sont à la recherche de moyens pour fluidifier leurs échanges afin d’accompagner leur montée en cadence », explique-t-il. « Avoir recours à une base de données basée sur la blockchain permet d’éviter des opérations de contrôle aujourd’hui nécessaires pour suivre une pièce, vérifier qu’elle ne soit pas contrefaite et rectifier des erreurs. Donc de gagner du temps

https://www.usinenouvelle.com/editorial/thales-et-accenture-veulent-ameliorer-la-logistique-aeronautique-avec-la-blockchain.N720854

Dans certains secteurs d’activité, l’exigence de traçabilité des produits nécessitera la publication des données de production à chaque étape de fabrication, et pour chaque sous-traitant. Les ERP seront amenés à communiquer avec la blockchain afin de publier ces données. Techniquement, les ERP modernes disposent d’une capacité à communiquer avec d’autres systèmes à partir des API ouvertes. Nous pouvons ainsi envisager une intégration accessible de la blockchain dans les processus des ERP.

Quels freins à la généralisation de la blockchain ?

Cependant, l’inconvénient majeur de cette technologie est qu’elle est, à l’heure actuelle, très consommatrice en énergie, voire même considérée comme un gouffre énergétique, du fait du système de cryptographie utilisé pour la validation des transactions. En 2017, l’énergie utilisée pour valider les transactions du Bitcoin aurait avoisinée les 30,25 TWh, plus que la consommation électrique annuelle nationale de 159 pays.

De plus, le caractère non modifiable de la Blockchain devient problématique lorsque la base de données distribuée traite des données personnelles. En effet, la RGPD applicable depuis 2018 impose aux systèmes d’informations d’assurer le droit à l’effacement des données personnelles, comme l’indique la CNIL dans son dossier Blockchain et RGPD.

En conclusion …

La blockchain est donc une technologie prometteuse mais nécessite de mûrir pour l’intégrer à l’écosystème numérique des PME. Les grands groupes s’y intéressent pour piloter la traçabilité de leur production, et les PME sous-traitantes seront certainement les premiers à devoir s’y conformer.